Elles
Elles ont seize ans ou un peu moins.
Elles s'habillent chez Tally
et H&M, ont des Puma et des Converse aux pieds. Le nombril à l'air,
la frange sur le côté. Elles se veulent rebelles, et indépendantes,
mais au font, ce sont toutes les mêmes.
Elles sortent le samedi soir, elles veulent jouer aux grandes, montrer qu'elles sont sorties de l'enfance.
Elles
boivent de l'alcool, elles aiment la sensation d'ivresse, elles
oublient leur timidité et deviennent des "tigresses". Elles dansent,
dansent et plus encore... font des folies avec leur corps.
Elles
passent de l'un à l'autre, maniant l'art du "french kiss" avec brio. Au
rythme de la musique, elles se déhanchent, et eux, bière à la main et
boutons d'acné cachés par des cheveux longs en bataille, ils profitent
de l'aubaine, heureux de remplir leur tableau de chasse.
Et au
matin, les paillettes qu'elles avaient dans les yeux ont disparu, plus
d'étreintes, plus de musique, seulement un bon mal de tête. Se
rappellent-elles encore du nom du jeune homme de la veille ? Elles
n'ont plus qu'un numéro dans le répertoire de leur portable, au mieux
une adresse MSN.
Mais elles aiment ça, et recommencent de week end
en week end, se vantant de leurs prouesses et de leurs aventures, au
coin d'un bar ou dans une caravane. Quel romantisme... mais bon,
pourquoi vouloir en trouver, là où il n'y a pas d'amour et de
sentiments ?
Elles se fichent de leur réputation... car le pire dans tout ça, c'est que ça devient tellement courant, qu'on finit par trouver ça presque normal !
Elles ne cherchent pas du sérieux, un copain "au quotidien", ça les effraie... elles se contentent de ces mecs d'un soir, toujours mignons mais abreuvés de bière. C'est la solution de facilité: elles ne veulent pas s'embêter avec ces histoires de fidélité. On s'amuse un soir, et le lendemain on passe à autre chose. Et puis au moins, pas besoin de le présenter à papa/maman ou de se casser la tête pour les cadeaux d'anniversaire et de Saint-Valentin...
Et elles s'en vantent encore. Elles collectionnent, elles notent, elles comparent, elles critiquent. Elles friment et veulent toujours plus, jouant avec les limites d'un politiquement-correct qu'on ne sait plus trop où placer, finalement.
Elles, ce sont mes amies. Enfin... je crois.
Celles qui comprennent sans qu'on leur dise
Pour qui ne suffit qu'un regard
Pour que tout s'allume en un soir
(Jean-Jacques Goldman, "Filles faciles")