Big city life
Les gens sont pressés, ils marchent vite, presque au pas de course. Se bousculent, râlent, pestent contre les jeunes et les moins jeunes, contre les chiens et la voirie. Toujours en retard, comme si le temps semblait passer plus vite qu'ailleurs, ils s'entassent dans les métros, les bus, les trams, les trains. S'accrochent à la première poignée à portée de main, pour éviter de tomber dans le prochain virage, assommant le voisin d'un coup de panier à provisions. Le flot continu de la foule... les magasins qui étalent leur marchandise jusque dans la rue, comme un paquet de bonbons multicolores éventré. Et ces gens qui s'y ruent, comme on s'est rué sur l'or, des années auparavant...
Mais
pourtant, qu'est ce que j'aime la ville ! Peut-être parce que c'est une
sorte de caverne d'Ali Baba, où je trouve tout ce que je ne peux pas
trouver dans la campagne profonde où je vis. Les magasins, les cinés,
les restos... tous ces gens différents, que l'on ne verra sans doute
plus jamais, mais qui passent et repassent.... Quand les vitrines sont
parées pour les fêtes, que les couleurs de Noël envahissent les rues,
de voir tous ces enfants, émerveillés au milieu des peluches et des
Père Noël...
Mais attention: je suis loin de dénigrer la campagne.
Je suis née et j'ai toujours vécu près d'un petit village de moins de
200 habitants. Autour de chez moi, ce sont les champs: maïs, blé, orge,
patates, colza, les paturages avec les vaches noires, brunes et
blanches, la forêt qui change de couleur au gré des saisons, le
ruisseau, notre Niagara à nous, quand on se prenait pour des Indiana
Jones en herbe. Les planches abandonnées des restes de nos cabanes, les
arbres centenaires qui ont suivi nos jeux...
Les soirs d'été, quand
le soleil qui se couche donne au ciel des teintes sanglantes ou rosées,
j'aime monter sur la colline et admirer les Alpes qui flambent sous les
derniers rayons. Et quand arrive l'hiver, que je sors de chez moi et
que la nuit enveloppe encore la campagne qui s'éveille, les flocons me
tombent sur le nez, recouvrent l'allée, teintés de mille couleurs par
les décorations de Noël illuminées.
Même si plus tard, pour le
boulot, ou parce que les gens et la vie changent, j'irai sûrement vivre
en ville, je ne pourrai pas oublier la maison où j'ai grandi. Je
ressentirai toujours le besoin d'y revenir pour admirer le Moléson
depuis la colline, marcher le long du ruisseau ou m'asseoir dans le
foin ! Parce que chaque recoin de cette ancienne ferme, vieille de plus
de 100 ans, où j'ai ri, pleuré, joué, appris, porte un petit bout de
mes souvenirs. Parce que c'est ici chez moi....
Parce que les souvenirs nous enracinent.
Photo ©28.10.2005